« COME TOGETHER » : voyage d’études à Londres

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Vue maquette projet Battersea

Valérie Mayer-Blimont
Conseillère métropolitaine déléguée auprès du Président
chargée du suivi « Inventons la Métropole »

Lundi 27 mars 2017, le groupe se constitue sagement sur le quai haut de la gare du Nord, lieu de passage obligé pour embarquer dans l’Eurostar. Quelques 30 mn plus tard, dans la voiture où les places sont réservées, les conversations sont animées mais personne ne sait vraiment ce que le programme de ces deux jours de voyage d’étude réserve.

Mardi 28 mars au soir, de retour à Paris, chacun a encore en tête les moments formidables vécus lors de ce séjour. Qu’il s’agisse des visites officielles menées par des hôtes de haut niveau (notamment Lady Caroline Spelman ancienne ministre du Gouvernement de David Cameron à Battersea), sur les deux plus grandes opérations de requalification urbaine à l’œuvre actuellement à Londres, ou des dîner et déjeuner dans des lieux uniques, au sein de l’hôtel particulier de la  Guilde des Couteliers et du Club de la RAF, le dépaysement a été total.

Difficile bien entendu de résumer ces deux jours mais ayons en tête que nos deux métropoles, malgré une gouvernance différente,  partagent la même ambition : construire et faire vivre une ville visible (avec ses signaux architecturaux) acceptable pour ses habitants (accessible et productive) et surtout durable pour répondre aux défis environnementaux du XXIème siècle.

Effectivement, qu’il s’agisse du quartier de la gare de King’s Cross en mutation totale, ou de celui de Battersea Power Station, qui va voir renaître un élément phare du patrimoine industriel de la ville de Londres, c’est à la construction d’une ville plus équilibrée, où  habitat, commerces, emplois, éducation et divertissement devront trouver leur juste place, que l’on assiste aujourd’hui à Londres, tout comme l’affiche également la MGP avec l’opération Inventons la Métropole du Grand Paris.

Projets de longue haleine, King’s Cross (qui a débuté en 2007) et Battersea Power Station (qui a été lancé en 2012) ont chacun eu besoin d’un portage politique fort pour être acceptés et soutenus par les riverains de ces chantiers du siècle, alors que les fonds à l’œuvre sur ces deux opérations sont exclusivement privés : le Promoteur britannique de renom Argent à  King’s Cross et un fonds d’Investissement malais  pour Battersea Power Station. A Battersea Power Station l’ampleur du soutien politique au projet a notamment permis la prolongation de deux stations de la ligne de métro Northern Line, mettant ainsi le quartier à quelques minutes du centre de Londres.

Fait remarquable, chacun des sites va être investi par deux des GAFA. Google aura son siège londonien à King’s Cross et Apple le sien à Battersea Power Station, au sein même de l’ancienne centrale électrique, assurant ainsi un bel élan aux deux opérations. De la même façon, l’audace des projets est signée d’ architectes de renom : Frank Ghery et Norman Foster à Battersea, Jean-Michel Wilmotte à King’s Cross.

A King’s Cross ce sont plus de 70 ha qui se renouvellent dans le quartier de la gare et sur les bords de Regent’s Canal, et à Battersea Power Station ce sont 10 milliards d’euros qui seront investis sur 17 ha juste en face du quartier de Chealsea et de King’s Road.  A noter à King’s Cross l’obligation pour les promoteurs de consacrer 40% de leur investissement en équipements publics (parcs, rues, ponts) pour obtenir leur permis de construire. Ce sont effectivement les autorités locales qui délivrent les permis, le Borough (ou municipalité) de Camden pour King’s Cross, celui de Lambeth pour Battersea, ce qui obligent les porteurs de projets à s’assurer d’un équilibre économique capable de résister aux vents mauvais des crises éventuelles (ce qui a été le cas pour King’s Cross qui a traversé la crise des Subprimes). De fait, comme le taux de logement social n’est pas encadré par la loi mais négocié entre les autorités et les investisseurs, le prix du m2 à l’achat est souvent prohibitif (plus de 20000 euros dans un ensemble visité à Battersea) ce qui n’empêche pas les ventes d’être réalisées en un temps record puisque aussi bien à King’s Cross qu’à Battersea la plupart des appartements ont été acquis en 3 semaines à peine…

Tous les officiels que  nous avons rencontrés nous l’ont affirmé : la démarche doit permettre aux habitants de s’approprier le chantier sur le long terme. D’où la faveur donnée aux initiatives de tiers lieux qui donnent une dynamique extrêmement appréciée aux projets. Logements, bureaux, commerces, transport public, culture, espaces verts : tous les projets doivent être menés dans une approche concertée et progressive, seule garantie de leur acceptabilité. Effectivement, avant de voir de ses propres yeux la ville promise, il faut accepter de vivre dans un chantier à ciel ouvert pendant plus de 10 ans….

Quelques chiffres

KING’S CROSS :

  • 70 ha
  • 25 bâtiments à usage de bureaux
  • 23 nouvelles rues
  • 10 équipements publics majeurs (parcs, ponts, etc)
  • 20 éléments patrimoniaux restaurés
  • 2000 logements

BATTERSEA POWER STATION :

  • 17 ha
  • 10 Mds d’euros d’investissement
  • Hôtel de 227 chambres
  • 150000 m2 de bureaux
  • 325000 m2 de commerces
  • 4000 logements
  • 43% de commerces
  • 57% de bâtiments résidentiels

Conclusion : mine d’échanges et de relations à consolider, ces deux jours ont été l’occasion de confronter nos questions d’élus métropolitains au pragmatisme britannique, plus qu’efficace sur ces deux projets majeurs pour le Londres des années à venir.

Pour Inventons la Métropole du Grand Paris, avec plus de 2,5millions de km2 et  6,4 Mds d’euros d’investissement privés, nous avons à notre tour la possibilité d’offrir à nos concitoyens une ville promise : Sursum C orda !

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